Portrait de Voltaire d’après Maurice-Quentin de La Tour

D’après Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788), Portrait de Voltaire. Pastel sur papier, 60 x 50 cm. Château de Voltaire (Ferney) © David Bordes / Centre des monuments nationaux

Documentation

Xavier Salmon, Le Voleur d’âmes, Maurice Quentin La Tour, Versailles, Artlys, 2004.

Œuvres en rapport

Voltaire commande en 1735 son portrait à Maurice-Quentin La Tour, alors que ce dernier n’est pas encore agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture et n’a donc encore jamais exposé une œuvre au Salon. La Tour saisit l’occasion de cette commande pour se faire connaître et exécute deux préparations au pastel pour le portrait. Le premier pastel est aujourd’hui conservé au National museum de Stockholm, où le philosophe est représenté de face, tandis que le second a été acquis par le musée Antoine Lécuyer, avec un portrait de trois-quarts, attitude plus dynamique qui est retenue pour le portrait définitif.

Actuellement perdue, l’œuvre originale représentait le modèle à mi-corps, le torse tourné vers la droite, tenant un livre de la main gauche, le regard et le sourire malicieux. Avant même d’avoir reçu ce portrait, Voltaire en demande deux bonnes copies. La première devait être réalisée avec la plus grande exactitude afin de servir de prototype à toutes celles qui serait produites par la suite, et le commanditaire tient à ce qu’elle soit retouchée par l’artiste. Ce sont aujourd’hui ces multiples copies, à l’exemple du pastel conservée au château de Ferney ou de la version peinte à l’huile, du musée Antoine Lécuyer, qui permettent de connaître la composition originale.

Maurice Quentin Delatour, plus tard De La Tour est né à Saint-Quentin en 1704 dans un milieu cultivé. Son père est maitre-écrivain et ingénieur géographe.  Il vient à Paris et entre en apprentissage chez le peintre Claude Dupouch en 1719. A cette époque, la peintre vénitienne Rosalba Carriera (1675-1757) fait un séjour à Paris (1720-21) et se fait connaître par ses portraits au pastel, lançant une mode dans les milieux mondains. Quentin de la Tour est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1737 et va désormais participer au Salon, où il remporte un franc succès avec ses portraits de la famille royale, des nobles, des hommes de lettres et des artistes. Les portraits qu’il expose au Salon connaissent un succès considérable comme avec le portrait de Jean-Jacques Rousseau (1753), ou encore celui de la marquise de Pompadour (1755). En 1784, il se retire dans sa ville natale de Saint-Quentin, pour y fonder une école gratuite de dessin et financer des fondations caritatives.

Ses portraits connaissent un succès considérable en raison de son talent singulier, qui parvient à traduire la complexité de la personnalité représentée. Si les défauts du visage sont estompés, l’individualité est rendue par l’intensité du regard, véritable synthèse psychologique du personnage, et par les inflexions des sourires, d’une variété infinie.

 

Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788), Portrait de Voltaire, 1735. Pastel sur papier, 26,5 x 18 cm. Nationalmuseum Stockholm © Nationalmuseum Stockholm

 

Maurice-Quentin de La Tour (1704-1788), Portrait de Voltaire, 1735. Pastel sur papier, 36 x 28 cm. Saint-Quentin, musée Antoine-Lécuyer © Wikipedia

Œuvre à la loupe

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